Par sylvaine Landrivon

La région lyonnaise est fière de produire le Beaujolais nouveau ; elle est fière de ses restaurants étoilés dans les guides gastronomiques… Elle est fière de bien d’autres choses encore, et elle possède également un éditeur GOLIAS, qui ose avec pertinence et humour, établir un “guide” des évêques, en leur attribuant mitres ou bonnets d’âne.

Le trombinoscope des évêques 2022/2023 vient de paraître sous la direction de Christian Terras avec les plumes de Gino Hoel et Philippe Ardent. Disponible en librairie, il le sera également sur le Net.

Il est désormais accessible en pdf :

https://www.golias-editions.fr/produit/trombinoscope-des-eveques-2022-2023/

5 critères permettent d’évaluer chacun des prélats (archevêques, évêques, évêques auxiliaires) : son humanité, son ouverture intellectuelle, son audace évangélique, son accueil des “signes des temps”, et sa stratégie pastorale. Nous disposons donc de 576 pages d’une très grande acuité pour des portraits construits avec sérieux et humour. A chaque description est attribuée un titre de film ou d’œuvre littéraire. Et certains rapprochements ne manquent pas de sel.

Plusieurs entrées sont possibles dans cet “annuaire” : par liste alphabétique des évêques bien sûr, par diocèse aussi, mais le classement le plus direct s’établit à partir de 15 provinces, auxquelles espièglement une seizième est rajoutée : Toutes Apôtres !, celle de ce mouvement de catholiques féministes au sein desquelles des femmes ont candidaté à l’épiscopat, au diaconat, à l’état de curé ou de nonce. Et celles qui ont désiré être évêques ont leur place en fin de dossier, comme leurs frères qui ont été en charge d’un diocèse. Il fallait l’ouverture d’esprit d’un tel éditeur pour accueillir enfin des femmes au même titre que des hommes dans une préoccupation catholique. Merci Golias !

On découvrira avec joie que le maximum de 5 mitres a été décerné à Jean-Marc Aveline, et que le titre qui lui est accolé est celui du film de Jean Delannoy “Dieu a besoin des hommes”. Le texte nous dit : “Voilà l’honneur de l’Église en France ! (…) un homme pétri d’humanité qui pense que c’est en servant les pauvres que l’on trouve Dieu” (p.204).

5 mitres aussi à Jean-Louis Balsa, évêque de Viviers qui recueille le titre d’un superbe livre de Paul Tillich, le grand théologien protestant : Le courage d’être. Joli clin d’œil qui se double pour moi d’un autre beaucoup plus personnel car ma défunte grande amie Michèle Behr, conservatrice des bibliothèques de l’UCLy, protestante, aimait beaucoup Viviers et collaborait à sa bibliothèque diocésaine. C’est elle qui m’avait fait connaître Paul Tillich. De Jean-Louis Balsa, il est écrit : “Voilà un pasteur remarquable ! (…) Il sait faire travailler les gens ensemble, met de l’huile sainte dans les rouages, fait confiance. (…) il sait faire respirer la bonne odeur de l’Évangile dans les effluves de châtaigniers (…) C’est fou comme ce pasteur ressemble à un être humain….” (p.197-198).

A l’autre bout des avis, se trouve sans surprise la description de Dominique Rey, l’évêque de Fréjus-Toulon.  2 bonnets d’âne : la pire sanction du trombinoscope. Et comme accroche : “Les liaisons dangereuses”. Certes aucun rapport direct avec le roman de P. Choderlos de Laclos…  L’auteur le nomme le “Voldemort de l’épiscopat français”. Ce serait drôle si tant de chrétiens ne souffraient pas sous les coups d’une si funeste interprétation de l’Évangile.

Bref, voici un document bien utile aux catholiques pour savoir qui les gouverne et comment se situer.

Un merci particulier pour les dernières pages du livre qui nous honorent, Anne Soupa et moi. N’ayant pas eu la possibilité d’exercer nos services, nous n’avons ni bonnet d’âne ni mitre. Mais grâce à Golias, les femmes ont un tout petit peu l’impression d’exister dans la stratosphère catholique.

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