Carlo Maria MARTINI a publié Le rêve de Jérusalem(1) en 2009. Dans les pages 165 à 169, au Chapitre VI intitulé : « Pour une Église ouverte », depuis Jérusalem, la ville où il résidait alors, Carlo Maria Martini a répondu à la question suivante de G. Sporschill :

Un grand nombre de femmes, de nos contemporaines, critiquent l’Église parce qu’elle est dominée par les hommes. L’invisibilité des femmes en son sein, l’association entre la femme et le péché – sont les arguments qui reviennent le plus souvent.

Vous qui avez votre vie durant, travaillé et vécu avec la Bible, qu’en dites-vous ?”

(Note de Sylvaine Landrivon : Les passages  mis en gras dans le texte ci-dessous, le sont par moi)

” La Bible peut nous aider à réfléchir à cette question, bien que certains de nos collègues, féminins et masculins, voient déjà dans ce texte sacré l’amorce de cette misogynie. […] Bien sur il ne faut pas oublier que ces textes appartiennent à une époque différente de la nôtre. Ceci posé, les femmes de la Bible méritent davantage d’attention que celle qui leur a été accordée dans le passé. Soyons très attentifs à apprécier les traces des femmes dans la Bible. Des erreurs ont été effectivement commises, probablement par des hommes : ainsi, dans le cas de Marie-Madeleine dont on a fait une pécheresse, voire une prostituée, alors que le texte ne contient aucune indication en ce sens. […] Nous rencontrons Marie-Madeleine dans le cercle le plus restreint des femmes qui entourent Jésus. En compagnie de sa mère, elle lui témoigne sa fidélité sous la croix. Elle est le premier être humain à rencontrer Jésus ressuscité ; il l’appelle par son nom, Miryam, et elle lui répond affectueusement et respectueusement en l’appelant rabbouni. […] Il existe entre elle et Jésus une relation d’amour pleine de beauté et de fidélité, une relation guérissante et fortifiante, rayonnante et ouverte à la communauté au sein de laquelle Marie-Madeleine, une fois Jésus monté au ciel, formait l’un des centres. […] Ce que nous savons et ce que je crois, c’est que Marie-Madeleine est le type de la femme croyante. […] Marie-Madeleine se situe entièrement et sans limites dans le bien. Elle était pour Jésus un « être de vie ». Nous pouvons tous chercher de tels êtres et être reconnaissants lorsque nous les trouvons. Je pense aux femmes qui prient et qui constituent la plus grande force de l’Église, ainsi qu’aux collaboratrices qui – je dois l’avouer – se trouvent souvent placées dans l’ombre des hommes. Je regarde avec espoir les femmes qui, dans l’Église, dans les communautés et dans notre société, se manifestent avec une confiance croissante en elles-mêmes.

Les femmes sont, d’emblée, des partenaires.

Dieu a créé l’être humain en tant qu’homme et femme. Les hommes d’Église doivent demander pardon aux femmes pour beaucoup de choses ; mais surtout, ils doivent de nos jours les considérer davantage comme des partenaires. Au cours de ces dernières années, les femmes ont beaucoup lutté ; un certain féminisme est nécessaire. Les hommes ne doivent pas en avoir peur ; […] Pour ce qui concerne la hiérarchise de l’Église, je voudrais tout de même demander un peu de patience à son égard. Elle va découvrir de plus en plus les potentialités des femmes. Beaucoup de choses se sont mises en mouvement, et d’autres se mettront encore davantage, surtout si nous nous traitons mutuellement en partenaires. Je voudrais faire remarquer que les différentes Églises évoluent, sur cette question, à un rythme différent. Notre Église est un peu timorée. […] La Bible fortifie les femmes et aide l’Église à poursuivre son chemin. […] On peut constater partout dans l’Église que les femmes se voient confier de plus en plus fréquemment des tâches de direction. Il faut reconnaître que cette évolution heureuse est due davantage à une nécessité qu’à une conviction qui se serait imposée au clergé. Mais c’est une évolution pleine d’espérance. La direction des communautés assumée par des femmes est une réalité présente dans la Bible. Je pense à Lydie de Philippes et aux nombreuses collaboratrices de Paul qui dirigeaient ses communautés. Dans le Nouveau Testament, nous rencontrons les femmes diacres qui existaient dans la première Église et jusqu’au Moyen-Age. Des théologiennes ont découvert, au cours de ces dernières années, l’importance de ces femmes pour l’Église.

[…] Et page 169 :« Dans les années quatre-vingt-dix, j’ai visité à Canterbury l’archevêque Dr George Leonard Carey, qui était à l’époque le primat de l’Église d’Angleterre. Son Église souffrait alors de tensions en raison des ordinations de femmes. J’ai essayé de lui donner du courage en vue de cette prise de risque ; je lui ai dit que cela pourrait aussi nous aider à devenir plus justes à l’égard des femmes et à comprendre comment les choses peuvent évoluer. »

Ce grand homme de Dieu, ce grand théologien que fut Carlo Maria Martini, nous transmettait un message clair. Qu’avons-nous fait depuis, dans ce domaine ? ….

(1) Carlo Maria MARTINI , Le rêve de Jérusalem, Conversations avec Georg Sporschill sur la foi, les jeunes et l’Église, traduit de l’allemand par Paul Kessler, Paris, Desclée de Brouwer, 2009, 198p.

Un commentaire sur “Relire Carlo Maria Martini.Qu’avons-nous fait depuis, pour les femmes ?”

  • Je ne sais pourquoi mais je ne crois plus en cette Église. Même en faisant davantage de place aux femmes. Selon moi, elle doit mourir. Sous cette forme-ci, elle doit mourir. Afin de renaître. Renaître de l’Eau et de l’Esprit.

    Rome, la Grande Prostituée assise près des eaux et qui se délecte à la coupe des immondices …
    Jésus avait bien dit qu’à vin nouveau, de nouvelles outres! Une coupe toute neuve pour accueillir ce vin de joie, le vin des Noces!
    Mystère de Mort et de Résurrection …
    Maria Madalena

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *