Qui suis-je ?

Née en 1956, je suis mariée, mère et grand-mère. Ma vie a toujours été guidée par le goût d’échanger et de transmettre, ce qui m’a conduit à enseigner d’abord les sciences humaines, puis à m’impliquer dans Théo en ligne, branche numérique de la faculté de théologie de Lyon.

Mes recherches ont abouti à la publication de plusieurs livres14, traitant presque tous de la place accordée aux femmes dans l’Écriture, chez les Pères et en Église. Soucieuse de m’investir davantage dans cette cause qui m’appelle, je me porte aujourd’hui candidate pour occuper une charge épiscopale dans l’Église catholique.

Ma vie spirituelle

Issue d’une famille de stricte morale mais athée (à l’exception d’une grand-mère catholique), ma  foi a précédé de longtemps mon baptême. Le lekh-lekha15 (« va, va vers ton destin ») adressé par Dieu à Abraham, a été pour moi une joyeuse illustration de mon propre appel, quand le prêtre rencontré au lycée m’a offert ma première Bible. Plus tard, mes études théologiques ont confirmé mes intuitions de foi m’assurant d’un Christ Dieu d’amour, venu accueillir chacun.e dans son individualité et traversant la mort pour le salut de tou.te.s.

J’ai alors compris que j’avais fait mienne, depuis mon enfance, la mission donnée par Jésus à Marie de Magdala, « Va vers mes frères et dis-leur… »: je veux et dois aller dire à mes sœurs, à mes frères, -qui qu’ils et elles soient-, que Dieu les aime, que leur vie est importante à Ses yeux, et qu’Il les sauvera, quoi qu’il advienne.

Mon appel à être évêque

Docteure en théologie, je n’ignore pas ce que cette candidature a de dogmatiquement incongru. Mais quand l’Église du Christ vacille, la moitié du Peuple de Dieu que constituent les femmes ferait preuve de lâcheté en persévérant dans le silence et la subordination. C’est pourquoi, forte de la prise de position d’Anne Soupa, je revendique à mon tour des prérogatives jusque là réservées aux seuls éléments masculins de la communauté catholique.

Mais pourquoi des femmes et des hommes ? Précisément parce que les femmes, égales, ne sont pas « identiques » aux hommes ; elles parlent et interprètent la vie d’une voix différente, comme l’exposent les recherches en psychologie du développement sur le care. Ce regard féminin différent oriente selon d’autres harmoniques, l’interprétation et la transmission des Écritures. Or Vatican II le précise : « Parmi les charges de l’évêque, la prédication de l’Évangile  est  la  première »18. L’évêque doit être, avant tout, un éducateur de la foi. La foi : les femmes la vivent comme les hommes ; quant à l’enseignement : faut-il demander à la société laïque de nous fournir les ratio de postes d’enseignantes pour nous convaincre que le temps est passé où l’Église, se fondant sur Aristote, redoutait l’imbecillitas féminine ?

Les femmes sont aptes à encadrer, dynamiser et faire d’un espace de vie à l’échelle d’un diocèse, un lieu de grandissement, de solidarité et de joie. Il importe donc de troquer les habitudes de l’entre-soi et du silence, contre un témoignage d’hommage à la vie, dans la joie de la fraternité et d’une collégialité dynamique. C’est alors qu’il faut rappeler le rôle apostolique de Marie de  Magdala dont Thomas d’Aquin lui-même affirmait qu’elle était « devenue apôtre des apôtres en ceci qu’il lui fut confié d’annoncer aux disciples la Résurrection du Seigneur. »19 La « filiation » apostolique féminine peut donc fleurir aisément de ses racines scripturaires, si l’on rejette les objections anthropologiques sexistes qui l’ont étouffée depuis des siècles.

L’évêque que je veux être

Osons tirer la leçon d’un constat tragique. Selon un sondage récent du Pèlerin20, 56 % des Français se disent catholiques. Mais à peine 15 % d’entre eux « pratiquent » régulièrement ou très peu. Et que proposent les « docteurs de la loi » à cette multitude pour qui l’Église n’est plus le lieu d’un ressourcement ou d’une réponse à leur demande de spiritualité ? Rien ! Elle choisit d’ignorer des millions de catholiques français qui l’ont quittée, plutôt que de se remettre en question. Afin d’être pasteure de celles et ceux qui ne se reconnaissent plus dans les structures diocésaines traditionnelles, n’y trouvant plus leur place ni les réponses à leurs questionnements, mon diocèse sera celui d’une « évêque hors les murs », d’un « e-diocèse ». Ce sera le refuge de ceux en qui Dieu murmure mais ne savent plus en vivre, faute de se sentir reconnus par une institution sclérosée, qui juge au lieu d’accueillir.

2 réponses pour “Sylvaine Landrivon candidate à l’épiscopat”

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