« Toutes Apôtres ! » réclame une
Commission indépendante sur la
situation des femmes dans
l’Église
Par Youna Rivallain, le 22/7/2021 à 05h08
Le 22 juillet, jour de la fête de Sainte Marie-Madeleine, le collectif catholique féministe
« Toutes Apôtres ! » a écrit une lettre à la Conférence des évêques de France réclamant
la constitution d’une Commission indépendante sur la situation des femmes dans
l’Église.
« La vague qui s’est formée ne retombera plus », prévient le communiqué de presse. Un
an jour pour jour après le dépôt des candidatures de sept femmes à divers ministères
dans l’Église, le collectif « Toutes Apôtres ! » a lancé ce jeudi 22 juillet une nouvelle
action à destination de la Conférence des évêques de France (CEF). Les femmes du
collectif se sont retrouvées devant le siège de la CEF, avenue de Breteuil à Paris, pour y
remettre une lettre aux évêques.
? À LIRE. Quelle place pour les femmes dans l’Église ?
Le collectif, constitué en association le 8 mars, demande la mise en place d’une
Commission indépendante sur la situation des femmes dans l’Église. Car il y a un an, la
réponse de la CEF aux candidatures des sept femmes du collectif s’était fait entendre
via le journal Le Figaro : d’après la Conférence, les femmes du collectif « n’étaient pas
représentatives des femmes engagées au service de l’Église qui sont des milliers à être
heureuses et épanouies dans leur mission ».
Établir des chiffres sur la situation des femmes dans l’Église
« Si les évêques soutiennent que les femmes dans l’Église sont heureuses, alors osons
demander des chiffres ! », répond aujourd’hui Alix Bayle, journaliste et membre de
« Toutes Apôtres ». Inspiré de la figure de Jean-Marc Sauvé et du travail qu’il met en
œuvre avec la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église, le collectif
réclame que cette commission établisse des chiffres sur les responsabilités des
femmes dans l’Église, l’égalité salariale, le nombre de CDI à temps plein dans les
structures ecclésiales, et le taux de satisfaction des femmes employées de l’Église et
des paroissiennes.
Après Anne Soupa, sept nouvelles candidates à des ministères dans l’Église
« Souvent les évêques répondent en citant deux ou trois exemples où ça se passe bien,
mais nous avons recueilli de nombreux témoignages qui nous montrent une tout autre
réalité sur la place réservée aux femmes dans l’Église de France, » soutient Alix Bayle.
Candidate à l’épiscopat laïc il y a un an et renouvelant sa candidature ce 22 juillet, la
docteure en théologie Sylvaine Landrivon déplore l’autocensure dont font preuve
beaucoup de femmes dans l’Église. « Souvent, mes étudiantes laïques ont envie de se
mobiliser pour avoir plus de poids dans l’Église, mais elles ont peur d’avoir
des ennuis. Les évêques n’entendent effectivement que les femmes qui se disent
heureuses parce que les autres s’autocensurent, » déplore la théologienne.
S’organiser sur le long terme
Depuis un an, le collectif « Toutes Apôtres » s’est organisé. « Parce que le changement
ne se fera pas sur une génération, nous savons que pour durer sur le long terme, nous
devons d’abord décider comment avancer ensemble, décider de nos valeurs et
méthodes de travail », explique Alix Bayle. L’association s’est donc fédérée avec
d’autres structures à l’international, dont l’organisation américaine « Women’s
Ordination Conference » (Commission d’ordination des femmes) fondée en 1975.
2 / 3« Nous voulions nous coordonner avec les associations aux États-Unis, en Angleterre,
en Suisse, pour montrer que nous ne sommes pas juste un petit groupe de femmes
françaises mais un vrai mouvement », rappelle la journaliste.
Femmes dans l’Église, la « méthode Soupa » en question
Dans leur lettre, ces femmes dénoncent une discrimination parmi les baptisés. « Il
existe un gros décalage entre le message de l’Évangile et l’interprétation
androcentrique qui en est fait aujourd’hui », explique Sylvaine Landrivon. La
théologienne dénonce un « enseignement magistériel qui continue à invisibiliser les
femmes, tandis que dans l’Évangile tous les messages essentiels sont portés par des
femmes : la Vierge Marie, la Samaritaine, Marthe et Marie Madeleine. » Le collectif
« Toutes Apôtres » se défend néanmoins de « confisquer » la parole des hommes.
« Nous voulons simplement la partager », résume Sylvaine Landrivon. De son côté, Alix
Bayle déplore que « quand une voix s’élève dans l’Église, certains ont tendance à le
voir comme une provocation. Mais nous voulons instaurer un dialogue. »
De son côté, la Conférence des évêques de France assure avoir bien reçu la lettre, et
l’avoir transmise au Conseil permanent. « Le sujet est suffisamment important pour que
les évêques s’en emparent et prennent du temps pour réfléchir à leur réponse, »
explique le porte-parole de la CEF Vincent Neymon.
Youna Rivallain
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