Pour avoir vu, depuis plusieurs décennies, des femmes exercer les fonctions de lectrices ou d’acolytes, certain.e.s ont sans doute pensé qu’une autorisation officielle était donnée et que la place était acquise. C’était une ERREUR.
Certes la question avait été vaguement abordée lors du Concile Vatican II et plusieurs constitutions et décrets semblaient entrouvrir la porte de certains ministères, aux « laïcs » sans distinction de sexe, par conséquent, hommes et/ou femmes.
Et d’ailleurs le pape Paul VI dans sa Lettre apostolique en forme de motu proprio réformant la discipline de la tonsure, des ordres mineurs et du sous-diaconat : Ministeria Quaedam rappelait ces textes conciliaires.
Il citait notamment Sacrosanctum Concilium 14 : « La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui est, en vertu de son baptême, un droit et un devoir pour le peuple chrétien, « race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté » (1 Pi. 2, 9 ; cf. 2, 4-5). Cette participation pleine et active de tout le peuple est ce qu’on doit viser de toutes ses forces dans la restauration et la mise en valeur de la liturgie. Elle est, en effet, la source première et indispensable à laquelle les fidèles doivent puiser un esprit vraiment chrétien ; et c’est pourquoi elle doit être recherchée avec ardeur par les pasteurs d’âmes, dans toute l’action pastorale, avec la pédagogie nécessaire [1]».
Un autre extrait de la Lettre évoquait Ad gentes n. 15. Rappelons-le précisément puisqu’il concerne, lui aussi, la formation de la communauté chrétienne :
« Quand l’Esprit-Saint, qui appelle tous les hommes au Christ par les semences du Verbe et la prédication de l’Évangile, et produit dans les cœurs la soumission de la foi, engendre à une nouvelle vie dans le sein de la fontaine baptismale ceux qui croient au Christ, il les rassemble en un seul peuple de Dieu qui est “race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple acquis” 1P
Les missionnaires donc, collaborateurs de Dieu (1Co 3,9), doivent faire naître des assemblées de fidèles qui, menant une vie digne de l’appel qu’elles ont reçu (Ep 4,1), soient telles qu’elles puissent exercer les fonctions à elles confiées par Dieu: sacerdotale, prophétique, royale. »
Mais ces références n’ont pas du tout empêché le pape de préciser, quelques paragraphes plus loin, que : « Être institué lecteur et acolyte, conformément à la vénérable tradition de l’Église, est réservé aux hommes ».
Depuis, le « Synode sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Église et dans le monde », les interventions lors de ce même Synode (1987) et l’exhortation apostolique Christifideles laici (1988), ont cherché à reprendre la question, sans la clarifier pour autant. Le n. 23 de Christifideles laici, porte sur les ministères, offices et fonctions des laïcs. Nous y apprenons que les pasteurs sont invités à les promouvoir selon l’opportunité et l’utilité. C’est ainsi que des femmes se sont retrouvées en charge de ces attributions désertées moins par conviction sans doute de la part des clercs que par défaillance de leurs coreligionnaires masculins.
Pourtant ces textes demeurent et il n’en fallait pas davantage pour qu’aujourd’hui des évêques, stimulés par le goût du repli identitaire cléricaliste -celui-là même que dénonce le pape François-, remettent de l’ordre dans leur diocèse.
Dehors les lectrices !
Mieux vaut un homme peu enthousiaste, mal formé, mal préparé à cette fonction, qu’une… femme, être impur et dangereux par excellence : souvenons-nous d’Ève !
Alors il me vient une idée : et le catéchisme ? Messieurs, qu’en pensez-vous ?
Ne serait-il pas urgent de prendre en main la catéchisation, la préparation des célébrations et l’animation liturgique ? Oh oui. Nous les femmes, ne viendrions dans vos églises que pour nous recueillir, prier et… vous écouter, afin de mieux vous être soumises.
Enfin pas sûr ; parce que dans ces églises où vous régnerez en maîtres et non en serviteurs, nous ne nous sentirons peut-être pas vraiment soutenues par la joie de l’Évangile. Et sans les enfants que nous n’aurons pas élevés pour y chercher une espérance qui aura déserté ces lieux, « vos » églises seront vides, d’autant plus vides que nous oublierons nous-mêmes, de venir vous admirer. Joseph Moingt l’avait dit : si l’Église n’entend pas les femmes, celles-ci n’éduqueront plus les enfants dans la foi catholique. Et comme les hommes ne sont pas encore tous investis dans leur rôle d’éducateur, il se peut que la communauté continue à se réduire à sa frange rétrograde et fermée qui chasse au loin l’étranger, le différent, les femmes. A quoi ressemble une ecclesia qui tourne le dos à tout ce qui constitue LE message du Christ Jésus : l’amour du prochain et l’enthousiasme d’aller annoncer la Bonne Nouvelle du salut ?
Au mieux à un Club ; au pire à une secte. Dans tous les cas un espace que Dieu n’habite pas.
[1] Souligné par nous.
Article très intéressant, comme d’ailleurs l’ensemble du site. J’ai bien aimé le texte sur Marie de Magadala.
Revenons aux lectrices-lecteurs. Dans ma paroisse, les lectures (hormis l’évangile bien sûr car trop sacré sans doute) sont faites par des laïcs femmes ou hommes (tout dépend de l’équipe liturgique de quartier qui a préparé). Mais ensuite, ces laïcs disparaissent du choeur et n’y reviennent que pour la distribution des hosties si besoin. Je suggère que ces lecteurs-lectrices restent dans le choeur autour de l’autel pendant la prière eucharistique. ce n’est pas grand chose mais symboliquement, ça aurait du sens.