Présentée par Véronique Alzieu UAC-27363, RCF, Halte spirituelle, l’intégrale mercredi 31 juillet 2019 à 21h00
Durée émission : 55 min
© Wikimédia Commons – La Madeleine à la veilleuse, par Georges de La Tour v. 1642-1644
Pendant des siècles, l’Occident a réduit Marie-Madeleine à une femme pécheresse repentie. C’était oublier qu’elle est la première à qui le Christ ressuscité se manifeste au matin de Pâques. Cette émission est archivée. Pour l’écouter, inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous directement si possédez déjà un compte RCF.
On en oublierait qu’elle est la première personne à qui le Christ ressuscité s’est manifesté au lendemain de Pâques. Pendant des siècles l’Occident a réduit Marie-Madeleine (aussi appelée Marie de Magdala) à une pécheresse, incarnation d’une sensualité suspecte et tentatrice. Or Marie-Madeleine est bien cette femme apôtre des apôtres: ce que défend Sylvaine Landrivon dans son livre “Marie-Madeleine – La fin de la nuit” (éd. Cerf). La théologienne travaille depuis plusieurs années sur la place du féminin dans l’Église ou les Écritures.
“L’enjeu est de sortir les femmes de cette image où tout est presque dans la corporéité, le péché et la sublimation par l’affectif, pour revenir à une image de femmes qui peuvent avoir des responsabilités, assumer des rôles et avoir une parole d’autorité, y compris dans l’Église”
Marie-Madeleine, l’image de la pécheresse repentie
Les arts en Occident l’ont représentée maintes et maintes fois à moitié dénudée, les cheveux défaits. Or, pour Sylvaine Landrivon, représenter la Madeleine en prostituée repentie c’est être plus fidèle au pape Grégoire le Grand ou à “La Légende dorée” de Jacques de Voragine (1228-1298) qu’aux évangiles : “Tout a été axé en Occident sur ce rôle de pécheresse.”
En voulant montrer l’extraordinaire de la conversion d’une telle pécheresse par la sublimation d’un élan mystique, on a laissé peu de place à l’interprétation, considère la théologienne. L’enjeu pour les chrétiennes, c’est de ne correspondre qu’à deux modèles, soit celui de la Vierge soit de la prostituée. La pécheresse ou la mystique : dans les deux cas l’image de la femme est fortement réduite ! Tout comme Judith – personnage assez méconnu de l’Ancien Testament qui a pourtant “sauvé le peuple d’Israël” – Marie-Madeleine illustre, selon Sylvaine Landrivon, la façon dont on a pu “instrumentaliser” la place et le rôle des femmes dans l’histoire du christianisme.