© Radio FranceSur France culture le vendredi 08 août 2025 dans Questions du soir, Marguerite Catton reçoit :

“Élue à la tête des Scouts et Guides de France en juin dernier, Marine Rosset a annoncé sa démission moins de deux mois plus tard… Une démission causée par une vague de pressions à son encontre en partie liée à son homosexualité. Jusqu’où l’Église catholique se veut-elle inclusive ?

C’est une démission qui est venue troubler la tranquillité des camps d’été… Le 6 août 2025, Marine Rosset, Présidente des Scouts et guides de France a déclaré dans le Journal La Croix qu’elle renonçait à son poste.
En cause : une campagne de harcèlement qu’elle a subie de la part de l’extrême-droite et des milieux catholiques les plus conservateurs et traditionalistes. Marine Rosset est lesbienne, mariée à une femme, elles ont un fils et elle est élue du Parti socialiste dans le 5ème arrondissement de Paris : autant d’éléments qui ont paru contradictoires, gênants voire insupportables à une partie de l’opinion catholique française.

Plusieurs questions viennent à l’esprit, et l’intéressée en a formulées une série dans l’entretien qu’elle a donné à La Croix : “est-il possible d’être homosexuelle et présidente d’un mouvement catholique ?” Un peu plus loin ” il y a différentes façons de vivre sa foi …mais quelle place laisse-t-on à toutes les composantes ?”

Qui décide de ces limites, qui trace les frontières de l’appartenance à l’Église et à ses représentants ?

Une démission qui interroge

Pour Isabelle De Gaulmyn, cette démission est “un double échec” : “C’est un échec pour le mouvement parce que je pense que cette candidature posait problème, non pas du tout au regard de l’orientation sexuelle de la présidente, mais au regard de son statut d’élue politique. […] Et puis c’est dommage pour l’Église parce que ça a été assez mal géré et que ressort cette image d’une Église qui n’est pas capable de faire de la place à l’ensemble de la société française.”

L’historien Paul Airiau nous rappelle en effet que, d’après le peu d’informations disponibles, les critiques viendraient “d’une série de catholiques que je qualifierais “d’intransigeants”, c’est-à-dire qui sont en relation conflictuelle avec la société contemporaine depuis la fin du XVIIIe siècle sur la question du rapport à la loi : est-ce qu’elle doit être hétéronome, issue de Dieu ou autonome, faite par les hommes, etc.” Ainsi, pour eux, “un mouvement qui se revendique d’appartenance à l’Église ne peut pas avoir comme présidente une représentante ou une praticienne, une personne qui se définit comme homosexuelle“. L’inconnue ici est désormais le rôle de la Conférence des Évêques dans cette démission.

Pour la co-présidente de l’association Magdala, Sylvaine Landrivon, il est déjà important de rappeler que Marine Rosset a été élue présidente des Scouts et Guides de France avec 22 voix sur 24 du Conseil d’administration et que la personne qui la succède a déclaré qu’elle continuerait le combat de Marine Rosset. Avant d’ajouter : “En quoi le fait d’être catholique empêche d’être engagé politiquement ? Au contraire, tout dans l’Évangile nous demande de travailler pour la justice, la solidarité, pour les plus faibles.” nous dit Sylvaine Landrivon.

Les questions sexuelles continuent-elles de crisper l’Eglise ?

Pour la journaliste Isabelle de Gaulmyn, les catholiques eux-mêmes se focalisent sur ces critères et “le fait de vivre en couple homosexuel et d’avoir des enfants, c’est quelque chose qui n’est pas, pour l’instant en tout cas, conforme à la doctrine de l’Église.”

Pour Sylvaine Landrivon, l’une des origines de cette crispation se trouve dans un texte de Jean-Paul II, “Ad tuendam fidem” : “c’était pour défendre la foi de l’Église catholique, et il disait qu’il fallait ajouter des normes pour les gens qui allaient être en contact avec les fidèles. Donc à la fois des enseignants, à la fois des responsables de scouts comme Marine Rosset. Et il disait que ces gens devaient avoir le devoir d’adhérer aux vérités proposées par le magistère. Et dans les règles, il disait « On doit croire de foi divine tout ce qui est transmis par la tradition. » Et il ajoutait « Celui qui rejette cette doctrine proposée comme devant être tenue pour définitive, Il doit être condamné et il doit être puni.”

Selon l’historien Paul Airiau : “on est simplement à une nouvelle étape de la question du rapport que les catholiques veulent établir avec la société contemporaine sur le domaine de la relation – conflictuelle – avec les mœurs, et du rapport que l’institution catholique en tant que telle, c’est-à-dire les évêques et le Pape, veulent avoir avec cette société en considérant que de fait on a fait le choix, avec le concile Vatican II entre 62 et 65, que le catholicisme n’était plus le tout de la société, qu’il était en dialogue avec elle.”

Pour conclure, même si pour Sylvaine Landrivon, “l’Église catholique, dans sa façon de rejeter l’homosexualité, n’a pas vraiment changé“, il y a des associations, des structures qui permettent d’accueillir les personnes qui se sentent rejetées de l’Église

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Et pour qui discuterait du caractère  “progressiste” ou non des scouts, notamment  en matière de prévention et de santé… il existe quelques illustrations plutôt optimistes… 🙂

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