1/ Les intentions de départ.
Par Alice Bourson, responsable du Comité de la jupe charentais.
Lors de nos premières réunions charentaises, en s’interrogeant sur la place des femmes au sein de l’Église et en confrontant nos vécus personnels, nous nous sommes rendus compte que le corps, et encore plus celui des femmes, était souvent la raison initiale à bien des discriminations.
Le catholicisme a tendance à contraindre le corps dans sa (re)présentation, ses actes, ses ressentis et à le soumettre à l’esprit. Ce faisant, il l’oublie ou le stigmatise. LA* femme catholique (puisqu’elle est bien encore trop souvent considérée comme UN idéal et non un ensemble d’êtres humains singuliers) est presque systématiquement associée à son corps. Elle est vierge, mère ou “putain”. C’est son corps qui la définit et non son esprit. Mais d’où vient cette stigmatisation ? Des textes ? Au contraire, ceux-là libèrent les femmes, invitant – comme pour les hommes à un véritable dialogue entre corps et esprit – entre foi et incarnation. Alors quoi, qui ? La morale ? La culture ? Le patriarcat institutionnel ?
Nous n’avons pas l’ambition de revenir sur 20 siècles de discriminations en trois jours mais d’ouvrir une porte pour que le corps des catholiques et le corps des femmes catholiques en particulier puisse se libérer du joug culturel, moral et patriarcal qui le limite, l’astreint et le soumet. Et peut-être réussir ensemble à trouver les pistes d’une foi véritablement incarnée.
2/ Bilan du week-end. Par Sylvaine Landrivon
avec la collaboration d’Alice Bourson pour les temps où la première n’était pas présente.
Durant tout le week-end de Pentecôte, une quarantaine de catholiques féministes du Comité de la Jupe se sont réunies à l’abbaye sainte Marie de Maumont en Charente. Et on peut affirmer qu’il a régné durant ces trois jours, le même esprit que celui de l’an dernier au couvent de la Tourette à Eveux, malgré le choix d’un thème qui incitait à des extensions plus intimes : Oser un corps libéré. Ont ainsi alterné durant trois jours, temps de prière et de méditation, interventions plus intellectuelles, rencontres informelles, et ateliers.
L’envie vient alors de partager cette expérience avec toutes celles et ceux qui n’ont pas pu nous rejoindre.
En prenant de l’âge et de l’ampleur, le Comité de la jupe a constitué des groupes locaux qui diffusent et animent les valeurs de cette association créée en 2009 par Anne Soupa et Christine Pedotti. Cette année, c’est donc le groupe de La Rochelle/Saintes, sous la houlette de nos « bergères » Alice Bourson et Marie-Madeleine Rouil, qui a organisé le week-end. Un premier constat, qu’aucune personne présente ne contestera : il a soufflé durant cette Pentecôte un vent de joie et d’allégresse qui continue de dynamiser les participantes.
Mais avant de mettre en lumière quelques moments particuliers de ce week-end, rappelons-en le déroulé.
Tout a commencé vendredi en fin de journée par la découverte de cette belle abbaye, et les premiers contacts entre les unes et les autres venant de toutes les régions de France, et de Suisse. Une veillée d’accueil a enrichi ces échanges.
Dès le samedi matin les choses « sérieuses » ont commencé après un petit-déjeuner pris au soleil. Alice et Marie-Madeleine ont introduit et orienté le thème. Mais pour bien illustrer que dans la rigueur, il faut aussi un peu de fantaisie, l’ordre initial a été immédiatement modifié. Il prévoyait d’abord une présentation de l’association par Adeline et Sylvaine. Mais pour cet exposé, autour d’un power point amoureusement préparé par Christelle, il fallait la télécommande du vidéo projecteur cachée dans le placard dont seule Sœur Thérèse avait la clé. Or, ce qui n’est pas rare dans un couvent, Sœur Thérèse était en prière. Il ne restait donc plus qu’à intervertir l’amorce du thème et le mot d’accueil des co-présidentes. Comme toujours, les détails de ce type mettent en joie et créent du lien. L’échange sur les divers axes auxquels invite le fait d’Oser un corps libéré a été fructueux, libérant la parole avec richesse.
Puis, le power point étant devenu accessible, Adeline et Sylvaine ont brièvement rappelé l’historique, les valeurs et les missions du Comité de la Jupe, que chacun.e pourra retrouver en bonne place sur le site.
A la suite de toutes ces informations, Sylvaine a posé sa casquette « administrative » pour reprendre celle de théologienne et a proposé la première contribution du week-end, intitulée : Le corps des femmes, le saint et le sacré. Et si tout commençait par la peur ? (Texte disponible sur le site du Comité de la Jupe et sur e-diocese.fr )… Cette intervention un peu dense a heureusement été entrecoupée d’un travail en groupes sur des passages de la Bible, avec une restitution collective, qui a montré, une fois encore, la grande richesse que produit la mise en commun de commentaires d’extraits bibliques.
Cette première matinée s’est close sur le temps de sexte et le repas.
L’après-midi a commencé sur un rythme plus apaisé, centré sur la corporéité. Pendant que certaines suivaient les indications et surtout la voix de la musicothérapeute Françoise Thérizols, afin de se mettre à l’écoute de leur espace intérieur et faire le plein d’énergie, d’autres se sont laissé emporter par l’atelier d’expression corporelle d’Esther Génicot. Les plus courageuses ont suivi le rythme de l’atelier marche. Il suffisait alors de quitter le monastère pour se rendre par les champs jusqu’au village voisin, dans une de ces églises rurales qui n’accueille plus désormais que les pèlerins de passage et les touristes égarés. Pas de choix cornélien cependant dans la participation à l’une ou l’autre de ces activités : le lendemain offrait un choix inverse… ou identique pour certaines « tricheuses » devenues « accro ».
Anne Soupa a ensuite développé l’épineux sujet de la prise en compte de la corporéité par l’institution catholique et étudié les fondements des positions du magistère. (Texte disponible sur le site du Comité de la Jupe). Anne aborde « sans filtre » les ruptures entre ce qui se vit dans la réalité et les faux-fuyants empruntés par l’institution. En préambule, elle rappelle que l’incarnation est le socle de tout discours sur Dieu. Tout le corps est donc saint et doit être l’objet d’un grand respect. Elle aborde le thème selon les axes repris par Michel Foucault dans L’histoire de la sexualité, mentionnant au passage l’apport du Cantique des cantiques. Une traversée des autres textes de l’Écriture montre les limites et les réserves d’un document qui adhère souvent aux principes anthropologiques qui l’ont vu naître. A partir de là, Anne relève les points « aveugles » du discours catholique et souligne que l’absence de femmes pour en parler au sein du Magistère obère sa crédibilité. Un des points de sa conclusion souligne que « cette Église a méconnu la consigne d’altérité posée par le Créateur en Genèse 2, qui est d’accueillir et de se nourrir de la différence (« de ce que je n’ai pas »). Elle s’est donné une structure de « mêmes », c’est-à-dire d’hommes. L’autre, enfant, femme, n’existe pas. Il ne parle pas, n’a aucun avis à donner sur le sujet. Il peut donc être violé sans que même on s’en rende compte. L’autre est silencieux jusqu’au crime ».
A sa suite, pour ajouter du piment et un nouvel axe de réflexion dans l’assemblée, Frédérique Zahnd a abordé la mise à distance du corps par le grand texte libertin La vie sexuelle de Catherine M, de Catherine Millet, sur lequel elle a publié un livre (Autopsie d’un best-seller, Etude du substrat catholique dans La Vie Sexuelle de Catherine M.). Elle montre que ce « monde de Millet est frappé au coin des exigences d’abstraction, de maîtrise, d’autonomie, et de toute puissance qui caractérisent la modernité ». Mais la lecture de Frédérique met en évidence une révolte contre l’ordre moral catholique qui ouvre la voie à une contestation globale qui vient illustrer l’hubris contemporaine. Frédérique souligne ce qui, dans le livre de Millet, constitue une sorte de « règlement de compte », pointant un lieu d’opposition au catholicisme que Frédérique découvre à deux niveaux abordés en termes militaires de tactique et de stratégie. Côté tactique, la complaisance de Catherine Millet à décrire des pratiques sexuelles de groupe, prétend choquer le monde catholique. Et cependant, que fait-elle sinon reproduire cette volonté de détachement de la corporéité, décrite par certains courants gnostiques dès les premiers siècles du christianisme ? En outre, tous les ingrédients d’un corps « livré » sont subvertis mais présents, non sans évoquer une reprise paradoxale d’un dolorisme chers aux derniers siècles du catholicisme. Frédérique n’aborde pas les aspects stratégiques dans son exposé. Il faut lire son livre. Mais cette contribution qui met à nu la crudité de certains usages du corps, donne à penser… et à dire. Jusqu’à conclure avec humour par une phrase qui est sans doute un hapax dans une abbaye : « finalement, baiser pose toujours des problèmes ! » Sic.
Après le dîner, et la vaisselle faite avec Sœur Raphaël au son du chant des participantes, une veillée a été alimentée par les voix croisées de Nicole Jeammet et de Frédérique Zahnd. Les thèmes du désir et du péché entrainent l’assemblée dans un débat jusque tard dans la soirée. Le lien au plaisir est développé par Nicole à partir d’une étude des livres d’André Gide, notamment La porte étroite. Livre remarquable mais un peu décalé pour un auditoire jeune qui ne l’a pas lu. Notre animatrice souligne pourtant cette phrase qui explique selon elle où est le danger : « un contentement plein de délices, je ne puis le tenir pour véritable », autrement dit le danger est représenté par le plaisir ; il est vrai, comme l’écrit Philippe Jeammet[1] que le plaisir rend dépendant de son objet, et peut être vécu comme un pouvoir pris par l’autre sur soi. On comprend que le débat ait été animé.
Le dimanche a de nouveau rassemblé les membres du Comité de la jupe (et le seul homme présent : Xavier) autour d’un petit-déjeuner, avant la messe au cours de laquelle le prêtre a pris le temps d’accueillir notre association. Intense partage où chant des sœurs et joie partagée d’être toutes rassemblées pour accueillir l’Esprit saint nous transporte. Ensuite retour aux ateliers pour bien se rappeler qu’âme et corps fonctionnent en symbiose dans une religion de l’incarnation ; puis délicieux déjeuner avant de reprendre les activités.
Nicole Jeammet nous a exposé son approche du thème « Comment inclure le plaisir dans la spiritualité ? » En tant que psychothérapeute, elle aborde le sujet de la construction du moi qui n’advient que dans la relation à l’autre à partir notamment des travaux de Donald Winnicot, pédiatre et psychanalyste. Il est question de l’équilibre entre attachement, liberté et fusion dans une posture très difficile à atteindre. Pas de liberté sans les autres, pas de liberté sans celle de l’autre, pas de plaisir sans l’autre non plus. Et si le plaisir, comme la liberté, comme la foi, ne s’entendait que dans le cadre d’une relation ?… Citant Montaigne puis Paul Ricœur, Nicole pose la question : le plaisir pris attaque-t-il les liens ou au contraire les construit-il ? Ce qui conduit à se demander « qui est l’autre pour moi ? » Au cœur de ce questionnement émerge le point crucial de l’amour que l’on se porte à soi-même. Mais comme notre conférencière l’explique, qu’il est difficile de s’aimer ! « Comment en même temps accepter ses défauts, ses faiblesses et maintenir une réelle estime de soi? Dans ce cas, la comparaison est dévastatrice car moins je me sens de valeur plus l’autre va être vécu comme en possession de ce qui me manque. J’aime à citer cette phrase de Iago[2] qui, jaloux d’un concurrent qui lui est préféré pour une place de lieutenant, s’exclame à son propos « Il a dans la vie une beauté quotidienne qui me rend laid (…). Il faut qu’il meure ». Comme c’est bien vu ! Cet autre que j’imagine mieux que moi me renvoie à ma non-valeur, justifiant par là-même des désirs incoercibles de prendre sa place ou de le détruire ».
Une analyse de la parabole de l’enfant prodigue recentre et conclut le sujet sur sa dimension spirituelle. L’assemblée, très attentive réagit à cet exposé avec de nombreuses remarques et questions. (Texte complet sur le site du Comité de la jupe).
Après un temps de pause et de goûter, nous avons assisté à l’impressionnante contribution de Sœur Thérèse qui a exposé certains aspects de la règle de Saint-Benoît, mettant en lumière quelques points qui disent le respect de la corporéité au sein d’un monastère. Reprenant sous un jour nouveau la vie de Sainte Scholastique, Sœur Thérèse nous a également montré avec humour comment on peut décrire un personnage, et surtout comment, grâce à un texte de Grégoire 1er, on peut redonner une place réelle aux femmes au regard de Dieu. Au passage, cette religieuse Bénédictine nous invite avec beaucoup de pertinence à réinterroger le sens profond du concept trop souvent mal interprété de chasteté. Et surtout nous rappelle que la liberté se conquiert !
Le temps d’une promenade ou d’un instant de méditation ou de repos ; et nous reprenons notre investigation du thème dans une approche qui quitte le champ de la théologie pour aborder le corps par l’angle de la phénoménologie et du roman. Sylvaine, invitant à lire le roman de Camille Froidevaux-Metterie Pleine et douce, présente le travail philosophique qu’il illustre. Il s’agit de donner les grands axes du livre Un corps à soi, écrit par cette autrice et auquel elle a donné vie à travers 12 personnages féminins dans le roman. (Texte sur le site du Comité de la Jupe et sur e-diocese.fr). La présentation des grands thèmes qui traversent ces ouvrages donne lieu à de profonds échanges, non seulement sur les différents types de féminismes (essentialiste, différentialiste, queer…) mais aussi sur les écarts d’approche intergénérationnels. Même si une même tranche d’âge peut suggérer des pistes divergentes, Sylvaine et Anne par exemple, ne sont pas exactement sur la même posture, la distribution de la parole montre que les préoccupations des jeunes écoféministes ne se placent plus exactement sur la même ligne que celles qui ont dû d’abord lutter pour obtenir le droit de disposer de leur propre corps et l’égalité entre femmes et hommes dans la société civile.
Dernier dîner, dernière veillée… Les rangs commencent à se clairsemer mais l’enthousiasme et la joie demeurent. Son de guitare au soleil couchant qui mêle chant, danse et gratitude.
Lundi, dernier matin … Alice commente ce dernier jour que toutes ne vivront pas autour d’elles, ayant dû rentrer dans leur foyer. Les retrouvailles pour les laudes commencent à prendre un air familier. On poursuit les échanges de la veille, on commence à mieux de connaître, à s’épancher davantage. Dans les ateliers, les groupes sont plus petits. Puis vient un premier temps de débriefing. Que souhaitons-nous pour l’an prochain ? Comment agir demain de retour chez nous ? Et au fait, oser un corps libéré concrètement, ça donne quoi en termes de revendication et de combat ? Nos corps bougent, vibrent, ressentent, ils différent de celui des hommes mais aspirent à la même liberté, à la même incarnation.
En toute collégialité, une célébration improvisée prend forme sous les branches de quelques chênes. Nous lisons les lectures, l’évangile, prions, chantons, faisons silence avant de nous bénir mutuellement. Moment de forte émotion, de rencontre cœur à cœur, corps à corps avant de filer pour animer notre dernier moment de prière avec les sœurs.
Après le repas, la dernière quinzaine de participantes profite de la présence de Sœur Thérèse, pour échanger en toute confiance. Son chemin, son corps, ses amours, son quotidien, celui des sœurs pour comprendre comment elles aussi vivent une foi très incarnée. C’est aussi l’instant des questions plus “politiques” : quid de la mixité ? Quel lien entretenir avec le diocèse et les hommes qui dirigent la vie de l’Eglise hors des murs de ce havre qu’est l’abbaye ? Passionnant, si un train de nous appelait pas nous aurions pu rester des heures à échanger ; et d’ailleurs pour certaines, le rendez-vous est pris pour cet automne afin de continuer ces échanges et incarner une foi renouvelée, réveillée à la suite de ces trois jours.
Alors, s’il fallait retenir seulement quelques points de ce long et beau week-end, que conserver ? Bien-sûr nous entrons là dans la sphère du subjectif avec l’idée de quelques flashes. Je vais donc parler pour moi.
Première joie : celle de mettre des visages et des corps de chair et d’os sur des personnes qui n’existaient que par des liens virtuels. C’est un truisme de rappeler que la proximité enrichit les personnes, qu’elle montre plus vulnérable et abordable celle qui paraissait un peu distante, drôle celle que le sérieux de l’enjeu avait montrée réservée. J’ai découvert et aimé aussitôt certaines membres du groupe de La Rochelle/Saintes. Autre bonheur jamais absent : celui que procure l’échange en vérité entre personnes sincères dans un lieu destiné de toute éternité à se recueillir, à accueillir dans la bienveillance et l’écoute. Dans cette atmosphère, la sérénité ouverte et brillante de Sœur Thérèse vient illustrer le sens d’une vocation. Chez elle, rien du caractère désuet que l’on pourrait trouver dans la tenue vestimentaire bénédictine, qui n’est ni ostentation, ni dissimulation.
Sœur Thérèse est présente à notre groupe, souvent silencieuse, mais en même temps ouverte au dialogue. Son regard éclairé sur la contingence, ancré dans une spiritualité que l’on sent apaisée et apaisante, m’impressionne et me renvoie au souvenir d’autres religieuses bénédictines dans lesquelles ces qualités m’avaient émue. Je pense notamment à Sœur Hildegarde…
Enfin, de ce week-end qui m’a redonné enthousiasme et énergie, je garderai ma découverte de ce que m’a apporté l’art de mon amie Françoise. J’ignorais tout de la musicothérapie et la vie fait que les relations avec son propre corps ne sont pas toujours aisées. J’abordais donc avec prudence l’invitation à participer à des « ateliers » dans lesquels devait intervenir ce corps tenu sous haute maîtrise. La voix ! Recevoir et suivre la voix de Françoise pour venir habiter un corps muselé jusqu’à le libérer. Expérience !!! Est-ce un cadeau du souffle de l’Esprit de Pentecôte ? Tellement transportée par la première expérience du samedi, j’ai triché et opté à nouveau pour cet atelier le dimanche. Action de grâce.
Trois actions de grâce pour moi aussi (Alice). Tout d’abord la rencontre de l’immatériel, des esprits, des luttes, des histoires de chacun et chacune, ne plus se sentir seule. La rencontre avec mes sœurs, avec nos sœurs, et sœur Thérèse en particulier que j’ai beaucoup de joie à nommer “ma” sœur. Enfin, se sentir touchée au plus profond de mon être et physiquement avec une douceur et une sororité dont je ne nous croyais plus capables.
[1]Philippe Jeammet, L’énigme du masochisme, Paris, PUF, 2001,66.
[2] Othello de Shakespeare, acte 5