Après s’être proposée au ministère épiscopal, Sylvaine Landrivon a été menacée de mort. Elle devrait être reçue, ainsi que plusieurs femmes du collectif « Toutes apôtres ! », par l’ambassadeur du Vatican en France au mois de septembre.
Elle fait partie des sept femmes qui, le 22 juillet, avaient glissé dans la boîte aux lettres du nonce apostolique à Paris leur candidature à des fonctions – prêtre, évêque, nonce, diacre… – auxquelles elles ne peuvent accéder dans l’Eglise catholique. Sylvaine Landrivon, candidate au ministère épiscopal, a eu la mauvaise surprise de trouver dans son courrier, lundi 27 juillet, une lettre la menaçant explicitement.
« Nous attendons avec impatience votre prochaine réforme, voir (sic) votre prochain Concile. L’Eglise compte sur vous. Mais dépêchez-vous, car la mort risque de vous surprendre », écrit l’auteur de la missive, adressée au « nouvel évêque » et envoyée dans le village isérois où l’intéressée a l’habitude de prendre ses quartiers d’été.
Dépôt de plainte
Un dépôt de plainte pour « menace de mort matérialisée par écrit » a aussitôt été effectué à la gendarmerie, qui « a pris l’affaire très au sérieux », précise la docteure en théologie – un relevé d’empreintes sur le pli serait en cours.
Fédérées au sein du collectif « Toutes apôtres ! », les sept postulantes, appuyées par Anne Soupa – qui avait lancé le 25 mai ce mouvement inédit de femmes, en faisant acte de candidature pour remplacer le cardinal Barbarin à Lyon –, ont fermement condamné cet acte, « ressenti comme une menace adressée à chacune d’entre elles ».
« Pour que notre simple revendication à une vraie égalité provoque une telle violence, c’est bien que certains se sentent menacés dans leur identité. Les femmes sont aujourd’hui les otages de ce malaise », observe le collectif dans un communiqué. « Une telle situation met cruellement en lumière l’urgence d’ouvrir un débat plus serein tous et toutes ensemble », insistent les candidates, bien décidées à ne pas se laisser impressionner.
Un appel de l’ambassadeur du Vatican
Certes, leur proposition a donné lieu à des critiques plus ou moins vives : l’évêque de Gap, Mgr Xavier Malle, s’est par exemple fendu d’un Tweet irrité lorsque la radio chrétienne RCF a invité Mme Landrivon à s’exprimer sur ses ondes. Mais leur geste iconoclaste a, selon elles, permis de délier les langues. Maîtresse de conférences aujourd’hui retraitée, Sylvaine Landrivon indique « avoir reçu de nombreux encouragements à titre privé, y compris de personnes haut placées dans la hiérarchie catholique »
Tous baptisé est prêtre prophète et roi. Le voile du temple est définitivement déchiré de haut en bas.
Christiane Bresson